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                   mudra du roi/ Kathakali/ Kalamandalam Gopi, septembre 1990 /photo/copyright. D. Vitalyos

 

Du malayâlam, aux éditions Gallimard, dans la collection “ Connaissance de l’Orient ”, une des pièces maîtresses du répertoire de Kathakali, écrite par Unnâyi Vâriyar, Jours d'amour et d'épreuve, l'histoire de Nala (1995) (titre original: Nalacharitam).

 

De l'anglais pour les éditions du Seuil l'essai du psychanalyste Sudhir Kakar Chamans, mystiques et médecins sur les approches thérapeutiques traditionnelles des troubles mentaux en Inde (1997).

 

De l'anglais, aux éditions Karthala, l'essai L'État et les arts en Inde: pour une culture citoyenne, de B.P. Singh (1999).

 

De l'anglais, pour les éditions Philippe Picquier, le recueil de nouvelles (et recettes) de Bulbul Sharma, La colère des aubergines (1999).

 

De l'anglais, pour les éditions Philippe Picquier le roman de Mukul Kesavan, Retour sur image (1999).

 

De l'anglais, pour les éditions Philippe Picquier, le roman de Sanjay Nigam :Le Charmeur de serpent (mars 2000).

 

Du malayâlam, pour la revue Europe, un poème d’Ayyappa Paniker : La Démangeaison (avril 2001, « Littératures de l’Inde »).

 

De l’anglais, pour les éditions Philippe Picquier, le roman de I. Allan Sealy, Everest Hotel (2001).

 

Du malayâlam, une nouvelle de Kamala Das, Le Témoin, pour la collection “ Les uns les autres ”, Syros (2002).

 

De l’anglais, pour les éditions du Seuil, le roman de Manil Suri, La Mort de Vishnou (2002).

 

De l’anglais, pour les éditions Philippe Picquier, le roman de Radhika Jha : L’Odeur (2002).

 

Du malayâlam, pour la revue Europe, des poésies d’Ayyappa Paniker, (Prison, Vision, Plus jamais) et Shankara Kurup (Le Maître charpentier), et des nouvelles de Vaikom Muhammad Basheer (Bachir: Le Talisman), Paul Zacharia (Il Était une fois) et O.V. Vijayan (L'Aéroport) (novembre 2002).

 

De l’anglais, avec Catherine Richard, pour les éditions Philippe Picquier, du livre de Jawaharlal Nehru, La Découverte de l’Inde (2002).

 

Du malayâlam, Unni, une nouvelle de Kamala Das, pour le recueil Belles Etrangères Inde 2002, éd. Philippe Picquier (2002).

 

De l’anglais, Hiren Das et l’histoire, une nouvelle de Mukul Kesavan, pour le recueil Belles Etrangères Inde, 2002, Philippe Picquier (2002).

 

Du malayâlam, pour les éditions Fayard, le roman Les Légendes de Khasak, de O.V. Vijayan (2004).

 

De l’anglais, pour les éditions du Seuil, le roman de Sudhir Kakar, Au Nom de l’Extase (2005).

 

Du malayâlam, pour les éditions Zulma, le roman Grand-Père avait un éléphant, de Vaikom Muhammad Basheer (2005).

 

De l’anglais, pour les éditions Fayard, le roman Le Dernier rire du moteur d’avion, de Ruchir Joshi (2006).

 

Du malayâlam, pour les éditions Zulma, le recueil Les Murs et autres histoires (d’amour), nouvelles de Vaikom Muhammad Basheer (2007).

 

De l’anglais, pour les éditions Fayard, le roman Le Trotter-Nama, de I. Allan Sealy (2007).

 

De l’anglais, pour les éditions Albin Michel, la biographie Deux Vies, de Vikram Seth (2007).

 

De l’anglais, pour les éditions du Seuil, avec Cécile Déniard, l’essai Les Indiens, Portrait d’un peuple, de Sudhir et Katharina Kakar (2007).

 

De l’anglais, pour les éditions du Seuil, l’essai Nehru, l’invention de l’Inde, de Shashi Tharoor (2008).

 

De l’anglais, pour les éditions Fayard, le roman La Solitude des empereurs, de David Davidar (2008).

 

De l'anglais, pour les éditions Albin Michel, le roman Mother India (titre anglais: The Age of Shiva) de Manil Suri (2009).

 

De l'anglais, pour les éditions Albin Michel, le roman Cette Nuit-là d'Indra Sinha (2009).

 

De l'anglais, pour les éditions Albin Michel, le roman Quand Viennent les Cyclones, d'Anita Nair (2010).

 

De l'anglais, pour les éditions du Seuil, l'essai Fou et Divin de Sudhir Kakar (2010).

 

De l'anglais, pour les éditions Albin Michel, le roman Retour à Brixton Beach de Roma Tearne (2011).

 

Du malayâlam, pour les éditions Zulma, le recueil de nouvelles Le Talisman, de Vaikom Muhammad Basheer (2012). Grand Prix de traduction de la Ville d'Arles (ex-Amédée Pichot).

 

De l'anglais, pour les éditions Albin Michel, le roman La Vallée des Masques, de Tarun Tejpal (2012).

 

De l’anglais, pour les éditions Zulma, le roman Le Magicien de la finance, de R.K. Narayan (2013).

 

De l'anglais, pour les éditions Albin Michel, le roman L'Inconnue de Bangalore, d'Anita Nair (2013).

 

De l'anglais, pour les éditions Hélium, le livre jeunesse Le Tigre de Miel, de Karthika Nair, illustré par Joelle Jolivet (2013).

 

De l'anglais, pour les éditions Albin Michel, le roman Bollywood Apocalypse, de Manil Suri (avis aux lecteurs : traduction dans laquelle ont été glissées des inepties que je n'ai jamais écrites, voir l'article "Les aléas du métier") (2014).

 

De l'anglais (traduit du kannada par l'auteur), avec Annette Leday, la pièce de théâtre Nâga Mandala, de Girish Karnad, pour la Maison Antoine Vitez. (2013; éditeur intéressé bienvenu!).

 

De l'anglais, pour les éditions Albin Michel, le roman La Vie troublée d'un tailleur pour dames, de Bulbul Sharma (2014).

 

Du tamoul, avec Krishna Nagarathinam, pour les éditions Zulma, le recueil de nouvelles De Haute Lutte, d'Ambai (2015).

 

De l’anglais, pour les éditions Albin Michel, le roman Adieu Calcutta, de Bunny Suraiya (2015).

 

De l’anglais, pour les éditions du Seuil, le roman de Vaiju Naravane Transgressions (2015).

 

De l'anglais, pour les éditions Albin Michel, le roman d'Anita Nair, Dans les Jardins du Malabar (2016).

 

De l'indonésien, pour les éditions Zulma,  révision de la traduction anglais-français par Michèle Albaret-Maatsch du premier tome du "Buru Quartet" de Pramoedya Ananta Toer, Le Monde des Hommes (2017).

 

De l'indonésien, pour les éditions Zulma, traduction en français du deuxième tome du "Buru Quartet" de Pramoedya Ananta Toer, Enfant de toutes les nations (2017).

 

De l'indonésien, pour les éditions Zulma, traduction en français du troisième tome du "Buru Quartet" de Pramoedya Ananta Toer, Une Empreinte sur la terre (2018).

 

De l'anglais, pour les éditions Albin Michel, le roman-abécédaire gastronomique d'Anita Nair, Soupe Alphabet pour deux amants (2018)

 

+ x 3

 

Du malayâlam, la nouvelle de Vaikom Muhammad Basheer, Les Héritiers légitimes de la Terre, Revue Jentayu n° 8, "Animal"(2018)

 

De l'indonésien, pour les éditions Zulma, traduction en français du quatrième tome du "Buru Quartet" de Pramoedya Ananta Toer, La Maison de verre (2018).

 

De l'anglais, pour les éditions Zulma,traduction de l'essai politique de Pankaj Mishra, L'Âge de la colère (2019).

 

Du malayâlam, pour les éditions Magellan, traduction de la nouvelle de N.S. Madhavan, Le Monde après Mukundan, "Nouvelles de l'Inde du Sud", collection Miniatures (2022).

 

Du malayâlam, pour les éditions Magellan, traduction de la nouvelle de Lalithambika Antarjanam, L'Incarnation de la vengeance, "Nouvelles de l'Inde du Sud", collection Miniatures (2022).

 

Écrit D.Vitalyos : "Sringârarasa, Expression de l'amour au théâtre, dans trois formes d'arts scéniques kéralais", Performance et littérature en Asie du Sud, réciter, interpréter, jouer, dir. Anne Castaing, Ingrid Le Gargasson, éditions Presses Universitaires de Provence, collection Textuelles (2022).

 

De l'anglais, pour les éditions Le Bruit du Monde, traduction du roman d'Anuk Arudpragasam, Un Passage vers le Nord (2023).

 

 

 

 

 

 

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- dans traductions
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      Le texte qui suit est la traduction d'un extrait de la pièce de Kathakali du nom de Pûtana Moksham, écrite par Ashwati Tirunâl Tampurân (1756-1794). J'ai tenté de respecter chaque fois qu'il était possible l'ordre des mots du malayalâm afin que la succession des mudra y réponde. 

      Le passage en question constitue un solo pour personnage féminin tel qu'il en existe peu dans le répertoire de ce théâtre. La première apparition est celle d'un "kari vesham", personnage à maquillage et vêtements noirs, ici du type démone caractérisé par la laideur.

      Après s’être  transformée de façon  magique pour arriver à ses fins, lui succède un personnage "lalita" de belle jeune femme, mais les débordements d'émotions violentes (ici douleur et terreur) font remonter à la surface sa nature démoniaque et Pûtana (comme toutes les démones du Kathakali) est rendue à sa forme première.


                             Putana photoh texte


      Le cruel roi Kamsa a entendu une voix céleste  lui annoncer que le huitème enfant de sa sœur Devaki le tuerait un jour. Il cherche donc par tous les moyens à le supprimer dès sa naissance. Parmi ceux qu’il envoie pour retrouver et tuer le petit Krishna, la démone Pûtana exerce une férocité sans scrupule et anéantit systématiquement les enfants mâles en bas âge qu’elle vient à rencontrer. Elle parvient un jour aux abords du village d’Ambadi où elle a appris que vivait Krishna, parmi les bouviers. Pour ne pas donner l’alarme en se présentant sous sa forme effroyable, elle se transforme en une jeune et belle villageoise.

              transformation:

              Pûtana se maquille, se coiffe, se pare de bijoux 

      Elle contemple avec satisfaction sa nouvelle apparence dans un miroir de poche avant de tourner son regard vers le paysage :

 

  

(râga : kamodari, tâla : cempada)


« Le village d'Ambadi ! Décrire ses merveilles,

Nul n’en serait capable,

Pas même le roi des serpents.

 

Des demeures étincelantes hautes de sept étages,

Des bassins où vient s’écouler une eau très douce

Dans des jardins pleins de fraîcheur…

Rien sur la terre entière ne peut rivaliser avec tant de beauté.

Sans l’ombre d’un doute, le grand ciel lui-même,

Lui rendrait hommage en courbant le front.

 

Ambadi! Décrire ses merveilles…

 

Témoins de la beauté des femmes parées de perles

Et du charme du jeu des danseurs que voilà          

                                      mime de leur danse et jeu de balle

Les amants séparés ont le cœur qui s’embrase.

Le paon superbe habite à quelques pas d’ici,

le mont Govardhana s'égaye de sa danse     

                                     danse du paon

 

Ambadi! Décrire ses merveilles...

 

La maison de Nanda, voilà, je l’aperçois :

Un troupeau de vaches paît d'un côté, non loin,

Une délicieuse odeur de gouttes de lait       

                                     mime du barattage

Se répand alentour.

 

Ambadi ! Décrire ses merveilles…


 

Pûtana entre et s’arrête, subjuguée par la grâce de Krishna.



Putana1992

Pûtana : "Bel enfantelet..." (Dominique Vitalyos, Guruvayur, mai 1992)

  

(râga : erikilakkâmodari, tâla: cempada)


Bel enfantelet, fils de Nanda,

Viens près de moi tout à ton aise.

 

Lorsque les gens portent les yeux

Sur ton petit corps ravissant, convoitise des sombres nuées,

Ils savent leur regard comblé d’avoir vécu,

 

Bel enfantelet !

 

Mais voilà ton visage tout inondé de larmes !

Quelle est donc la cause de ton tracas ?

Il ressemble au lotus empli soudain d’une fraîche rosée.

 

Bel enfantelet !

 

Petit, si tu veux par là me dire

Que tu as grand faim et grand soif,

Bois tout ton content au sein que je t’offre,

 

Bel enfantelet !

 

Tu saisis de ta main ton pied, tendre bourgeon,

Et le portes lentement à ta bouche.

Que ton sourire est doux !

 

 

 

       Pûtana s’interroge sur le sentiment étrange qu’elle éprouve à l'égard de cet enfant inconnu, elle qui a tué tant de petits sans un frémissement de pitié. Elle ne peut détourner de lui son regard, détaille tout ce qui fait sa beauté : ses boucles de cheveux semblables à un essaim d’abeilles, ses sourcils dont on pourrait croire qu’ils sont les courbes jumelles de l’arc de Kâma, dieu de l’Amour, ses yeux tels des pétales de lotus, son nez qui ressemble à une fleur, sa lèvre à un fruit, tout son corps à Kâma. Il lui faut bien reconnaître qu’elle aime ce petit-là et elle finit par décider de ne pas le tuer et de s’en aller. Elle revient vers lui, le rassure et sort doucement de la pièce non sans de longs regards derrière elle pleins de tendresse.

      Mais soudain elle se reprend, la terreur d’être décapitée par Kamsa pour châtiment de sa trahison l’envahit. Son caractère démoniaque reprend le dessus. Elle le tuera. Qui est-il donc pour elle ?

      Pourtant, lorsque de nouveau elle pose les yeux sur lui, elle retombe sous le charme. L’enfant est là, qui semble pleurer de faim. Elle le prend, le berce, s’assoit pour lui donner le sein, y prend tout le plaisir d’une mère.

     Puis, rappelée à l'urgence de sa tâche, elle vérifie que personne ne peut la voir, sort du poison de son vêtement, en enduit les pointes de ses seins et remet l’enfant à téter. Mais celui-ci, loin d’en mourir, aspire avec le lait toute la vie de la démone qui tente en vain d’arracher l’enfant de sa poitrine.

     Elle reprend ses traits horribles, court en tous sens dans son égarement, éperdue de douleur, et s’écroule enfin morte, dans la vision d’une lumière divine qui est celle de la conscience par laquelle on ne renaît pas. Tel a été le cadeau de Krishna pour celle qui, malgré tout, lui a donné à boire.

 

                       Traduction et synopsis : Dominique Vitalyos

                       © D. Vitalyos, 1995

 

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Published by Dominique Vitalyos - dans les arts vivants au Kerala traductions
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Avant que la nuit ne tombe

L'article un peu technique qui suit a été publié sous la rubrique "Journal de Bord" de la revue Translittérature consacrée à la traduction et éditée par l'ATLF et ATLAS, n° 27, été 2004, sous le titre "Khasak, dans l’océan des traductions"


Trois mois après la traversée de la traduction, re-présentation d’un espace, d’un monde. En route pour le journal de bord différé, exercice de revécu, re-présent-ation temporelle. Je ne sais pas encore ce qu’il va dire, mais je mise sur le bonheur à revivre ce présent pour me propulser à bord.

Automne 2002 - “ Belles Étrangères Inde ” : Arrière, toute !

Janvier (ou février ?) 2000, Delhi - Parmi les livres présentés aux éditeurs français venus en repérage en vue des Belles Étrangères 2002, The Legends of Khasak. Mes yeux s’arrondissent. Depuis le temps que je le propose sans succès. Je n’en suis encore qu’à formuler des vœux : pourvu que, pourvu que.

2000-2001, Paris - Le CNL prépare ses listes. Quels auteurs inviter, lesquels publier ; consulte, sonde éditeurs, traducteurs, spécialistes. O. V. Vijayan figure sur une des listes, face à quelques petites croix timides. La règle étant de respecter une certaine proportion entre auteurs anglophones et auteurs des langues du pays, certains écrivains de diverses langues indiennes seront choisis à coup sûr. ENFIN !
Jusqu’ici, en tout cas, on a pu croire que The Legends of Khasak était une œuvre originale en anglais. Non. C’est Vijayan qui, vingt-cinq ans après avoir écrit le livre en malayalam, l’a lui-même traduit en anglais. Mais aussi, remanié et, d’une certaine manière, éloigné de lui-même. Si The Legends… figurait sur la table de l’éditeur indien, c’était pour permettre aux éditeurs français de lire en traduction une œuvre qu’ils s’engageaient, s’ils la retenaient, à faire traduire de sa langue originale (que ne respectent-ils tous cette éthique !). The Legends représentaient donc Khasakkinte Itihâsam, abrégé en Khasak dans ce qui suit.

Novembre 2001, Paris - Rencontre de V. hybride inverse, amie-miroir, indo-beaucoup française, moi franco-beaucoup indienne. On se raconte, ni d’ici ni de là, toujours décalées, partout incorrectes ; l’abandon de références du premier monde, l’adoption de valeurs du second, et les grands trous, là où l’on n’a pas voulu remplacer Charybde par Scylla.

Fin 2002 (post Belles Étrangères) - V., bonne oratrice et bien placée, emporte la conviction des éditions Fayard.
(Zut, pas de moussaillon sur ce bateau pour me servir le thé. Il faut toujours faire tout soi-même, dans ce métier ! De la plomberie à l’incantation, de l’arpentage à la rime, du limage à la fluidité.)
Le thé ponctue la vie de Khasak, où c’est pourtant l’alcool qui laisse parler les cœurs. Thé du petit matin, thé de neuf heures et demie – dix heures, avec un morceau. Celui-là, les hommes le prennent souvent dans le petit restaurant succinct d’Aliyar. Même chose pour le thé de quatre heures, l’après-midi.

Hiver 2002-2003 - Je me repose, enfin, presque, à Chakori, Kerala. La dernière traduction a été belle à écrire mais éreintante, et plus longue que prévu. Je tiens mal les distances, le retard est ma hantise, ma pince au cœur. Je défais les nœuds.

Avril 2003, retour d’Inde, Marseille - Il faudrait peut-être que j’entame la traduction de Khasak…

Mai 2003,  Marseille - Bon, l’émulsion retombe, le Kerala s’absorbe, sa musique module encore mes pensées, le malayalam coule encore sotto cortice, c’est le moment.
Ayant lu les deux textes, le malayalam et l’anglais, à plusieurs années de distance, j’entame une lecture comparative pour actualiser ma conscience de leurs différences. Stupéfaction ! Les deux textes, le malayalam et sa traduction anglaise, tous deux de l’auteur, sont très dissemblables. La seconde version porte la marque de l’évolution de l’auteur, qui a trouvé à suivre une voie spirituelle. “ Nombreuses sont les vérités, ” disaient les Khasaki en malayalam, “ de nombreuses vérités font la grande vérité, ” disent-ils en anglais. Le personnage de Ravi, qui suspend à Khasak son parcours d’homme déchiré, n’est pas moins déboussolé dans un texte que dans l’autre, mais sa confusion nous est beaucoup plus sensible dans l’original. L’organisation du livre anglais n’a quasiment rien gagné à devenir plus compacte : dialogues écourtés ou supprimés, paragraphes condensés, quotidien sacrifié… (Pour les exceptions, voir plus loin.) Plus d’une fois, il semble que l’auteur ait voulu “ faire correct ” pour son lectorat élargi. Comme ce petit écolier dont la morve “ lui dessinait sous le nez des défenses d’éléphant. ” Pfuit, volatilisées en anglais, la morve, les défenses. Quant à la boîte crânienne qui sert aux rituels magiques et à la confection de mauvais alcool en malayalam, elle se change en carapace de tortue.
Allons, il est temps d’appareiller. Je ne poursuivrai pas jusqu’à la fin ma double lecture, car je me surprends déjà à mettre les mains dans le cambouis, au fond de la cale. À vue de nez, je pourrai traduire cinq pages par jour. Pages source ? Oui, oui, pages sources.

Mai 2003,  Chapitre 1 - Titre : "Vazhiyampalam". Ça commence bien. Le mot peut désigner un temple sur un bord de route, un refuge, un sérail comme dit Vijayan en anglais. Sur la route (vazhi), c’est important, très. Le personnage suspend son parcours. Temple, non, il est revenu de la spiritualité. Refuge, oui, mais tout seul (ah, la solitude du titre !) ça ne passe pas (c’est le cas de le dire), trop statique. Il faudrait entendre en même temps “ temporaire ” et “ sur le chemin ”. J’opte pour “ l’étape ”. Le sarai de Vijayan en anglais est plus exotique, certes, mais moins que le serait le même mot en français. Khasak, ce n’est pas les Mille et Une Nuits. Quel lecteur français verrait dans le mot sérail le très modeste, bringuebalant marché-fin-de-piste décrépi de Khasak ? Et quel contresens ce serait, de penser que l’imagination de Ravi embellit le réel dont il lui suffit qu’il soit un ailleurs temporaire !
Les premières pages : Au début, c’est très difficile, et comme souvent, tout se joue dans ce début. Pendant les premières pages, on dit à l’auteur — l’âme du bateau, sa pensée et sa langue —, embarque-moi, fais-moi confiance. Pourtant, il existe des langues, ou des façons de les écrire, vis-à-vis desquelles un produit social de la langue française, même un peu hybride, même traducteur, peut sembler fondé à renoncer.
Non que le malayalam me soit incompréhensible, non que le style en malayalam soit défectueux. Mais la fidélité formelle est une trahison…faite à la langue d’arrivée ! À la langue française de l’auteur !
Je prends une longue inspiration en vue du grand saut. C’est le moment du risque, la promesse faite à l’auteur de pénétrer aussi dépouillé que possible dans son bateau-livre et d’en resurgir avec ses mots à lui : “ Je vais te faire écrire en français ! ”
Il est là, selon moi, le je(u) du traducteur, dans son rapport à l’auteur, dans la confiance qu’il lui demande, et qu’il se fait. Dans son défi d’associer scrupule et imagination, amour et culot, dépendance et créativité.
Les premières pages, plongeon et cap à tenir.

Chapitre 2 - Révision à la baisse. Cinq pages source ? Je rêvais ! Ce sera plutôt trois. Le vent est pris. Le temps d’accommoder vision, oreille, odorat, et j’ai plongé dans Khasak, dans le lyrisme assorti de luçacidité. Acidité ?  Lucidité ? Lucide, oui, mais acide, c'est un peu approximatif. Imaginez un poil d'aigreur dans cette acidité. Un soupçon d'assa-foetida. Dans le malayalam, subtilité, mangue et cambouis. Et déjà des questions graves se posent.
Celle des coupures, par exemple. Mais comment faire autrement ?
Vijayan, je l’ai dit, a évolué entre Khasakkinte Itihâsam et The Legends of Khasak, a réorganisé son texte en anglais d’une façon qui me paraît le plus souvent regrettable. Pourtant, c’est lui qui va me servir d’arbitre chaque fois que le texte malayalam me semble discutable. Comme lorsque le mollah raconte aux enfants musulmans de la madrasa la légende fondatrice de Khasak.
Mille cavaliers de la foi, les Badrin, accompagnent le cheik Miyan Sayid, montés sur de beaux coursiers. Seul le cheik chevauche une vieille haridelle à la robe lépreuse. Toutes générations confondues, les auditeurs du mollah lui demandent chaque fois pourquoi. Il répond : “ En qui ce vieux cheval aurait-il trouvé refuge, sinon en Dieu et en son cheik bien-aimé ? ” Fin du dialogue. L’auteur reprend : C’est pourquoi il avait choisi de monter ce cheval.
Les auteurs malayali, souvent, aiment raconter aux adultes comme l’on conte en France aux petits, avec une insistance pédagogique difficile à goûter en français. (Je me surprends souvent à penser : On avait compris !) Que faire ? Supprimer cette phrase explicative superflue servie au lecteur (pas aux enfants de la madrasa), qui détone dans un texte par ailleurs sans intention de ce genre ? J’en brûle d’envie. Que dit le texte anglais, dans lequel, heureusement, ce dialogue-là figure intact ? La phrase gênante a disparu ! Merci,  O. V. !
La meilleure façon de traiter la syntaxe du malayalam, c’est de commencer par l’oublier. Me voilà face à trois phrases courtes, dont la deuxième reprend certains termes de la première, et la troisième un peu des deux précédentes. L’évocation est sérieuse et puissante. Je découpe de la même façon en français et je me retrouve devant un style redondant et puéril qui aplatit le propos de l’auteur. Il y a dans le choix de la répétition en malayalam l’intention stylistique opposée de le mettre en valeur. Larguez les amarres : une phrase au lieu de trois, un rythme pour figurer les coupures, des termes et des positions emphatiques remplaçant les répétitions d’une phrase sur l’autre quand l’emphase est leur raison d’être. C’est bien Vijayan, ton et intention, le texte le dit.
Comment je le sais ? Je ne le sais pas directement, c’est mystérieux comme la vie. Mais je sais que je sais, parce que je retrouve souvent, plus tard dans le texte, des preuves de la justesse d’un choix ; parce que je traque sans fin le discordant pour dépecer mes formulations présomptueuses ; parce que tout parasite mental est un signe d’incertitude, et quand je ne suis pas sûre, je sais qu’il y a mieux. Alors, je diffère, j’emprisonne mes doutes dans des fenêtres de couleur.

Chapitre 8 - De loin en loin, pourtant, ce sont les mots, non les coupures qui apportent quelque chose au texte anglais.  Et ce sont ceux-là que je choisis de traduire.
Ravi, instituteur, fait la classe aux enfants. Un petit nouveau arrive, fils d’un dresseur de singes. Ravi lui demande combien son père possède d’animaux. Seize, répond Karouv. Il se vante, proteste Kounniamina, son père, il en a que deux, des singes. Dans le texte malayalam, Ravi répond platement : “ Ça n’a pas d’importance ” ; dans le texte anglais : “ On se trompe souvent en comptant. ” Plusieurs titres de chapitres me semblent gagner quelque chose eux aussi, dans la traduction anglaise. Le neuvième, par exemple, intitulé en malayalam, “ les voisins ”, devient en anglais “ voisinage difficile ”.

Juin, Chapitre 11 - Heureusement, il y a des décisions castratrices que l’auteur approuve. Parce que toute une page de gouzi-gouzi, boulou-boulou, areu-areu, pour décrire comment Appoucol’bri, le jeune attardé mental, a appris à parler avec ses cinq mères et s’est pratiquement arrêté là, c’est beaucoup trop, selon moi. Je m’apprête à prendre la responsabilité d’un grand émondage. Je regarde dans le texte anglais : Vijayan l’a fait avant moi, et radicalement : “ They talked to him endlessly about charming and inane things ” [Elles lui parlaient sans jamais s'arrêter de choses mignonnes et absurdes].  Je le dis autrement, mais presque aussi bref.

Chapitre 17 - La compensation, c’est un jeu. Je prends ma balance, et la phrase a le même poids, ou à très peu de choses près. Parfois, exercice plus subtil, il est nécessaire de différer la compensation, de renoncer à traduire un détail que le français doit gloser pour être compris, car l’attention serait déviée, la phrase alourdie, en ajouter une trahirait l’étrangeté. Kouttadan, l’oracle de la Déesse apparaît brusquement, se rue à travers la cour en direction de Ravi. Il est couvert de sang, comme, ajoute Vijayan, “ la ninam ”. Le Malayali comprend immédiatement, voit la ninam et l’oracle dans un état comparable. En revanche, servie là, tel quel, au lecteur français, la ninam, c’est le flop assuré, la remise au glossaire. Glosé, c’est un personnage de démone ensanglantée du Kathakali, difficile d’en dire moins. Mais au moment où l’oracle Kouttadan surgit, alors qu’il faut écrire la fulgurance, cette présentation a tout de la fleur en plastique dans la douzaine de roses. Un ou deux paragraphes plus loin, Vijayan s’attarde à décrire l’état, le sang, la frénésie de l’oracle, et je ressors ma démone de Kathakali de la boîte aux différés. Elle entre en scène dans toute son horreur, on la voit comme si on y était. Exit le mot ninam, par la même occasion.
J’aime la compensation, j’y vois l’un des meilleurs alliés et des plus grands bonheurs de la traduction des langues lointaines.

Juillet 2003 - E la nave va, jusqu’au chapitre 28, le dernier. Je reviens sur l’hymne chanté au temple qui évoque les dix incarnations du dieu Vishnou. Le texte sanscrit versifié compte sur la connaissance qu’ont les Hindous de ce qu’il évoque. Assorti de précisions, il n’a plus l’air d’un hymne. Là encore, je choisis la fidélité au ton, à la résonance — que permet la plasticité de la prose.
Je reviens aussi, mais sans grand espoir, sur ce qui restera mon plus cuisant regret : le mentor d’Appoucol’bri, qui le fait inscrire à l’école, lui fait miroiter qu’il deviendra “ intchinîr ”, ingénieur, bien sûr, mais aussi par homophonie “ eau de gingembre ”. Impossible de remplacer “ ingénieur ” par autre chose, la profession est trop emblématique de l’homme arrivé. Toutes mes tentatives tournent en eau de boudin.

Début août - Je termine la traduction, rassemble mes questions en vue d’un séjour keralais de quelques semaines : plantes, oiseaux, quelques doutes sérieux sur le sens de plusieurs phrases. Une amie me communique les coordonnées d’un oncle botaniste amateur éclairé à Trivandrum.

Mi-août, Kerala - La mousson, enfin, après si longtemps ! En vingt-quatre heures de conscience purement organique, je me réhydrate comme une éponge.
Dès le lendemain, au travail. J’interroge plusieurs fois par semaine Unni sur sa vision du texte. Il m’éclaire, me montre certaines plantes, on boit le thé (pardi). L’oncle botaniste amateur de mon amie a consulté un spécialiste et m’a communiqué le nom latin de chacune de mes plantes. Mais pour le français, à l’aide, mes livres, à l’aide et merci, “ la liste ” ! D’amarantine en gattilier, les rectangles de couleur s’effacent un à un.

Fin octobre 2003, Marseille - Le Khasak a touché le port des éditions Fayard. Les Légendes de Khasak en sortira au printemps prochain.


Dominique Vitalyos

site de la revue: http://www.translitterature.fr/TEST/index.php

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Published by Dominique Vtalyos - dans livres traductions
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                            ... ou même de réponse (à ma connaissance)

Dans un article intitulé « Une post-modernité merveilleuse » du magazine Transfuge d’avril 2007, Cécile Léonard voudrait nous faire croire à propos de Retour sur image, de Mukul Kesavan, que (c’est moi qui souligne) :

 

« La traduction française du titre ne rend pas justice à l’allusion à Lewis Carroll (Looking Through Glass qui, par sa proximité avec Through the Looking-Glass, aurait pu être traduit par De l’Autre Côté du Miroir) et à la dimension fantasque du récit. Tel Alice… »

 

De l’autre côté du miroir à plusieurs titres en ferait un bien mauvais ! D’abord, parce qu’il a déjà été utilisé, précisément pour la traduction de l’ouvrage de Lewis Carroll.

 

Mais surtout, parce qu’il n’a rien à voir avec le livre qui nous occupe. Il ne suffit pas qu’il soit question de miroir et de regard pour enrôler Lewis Carroll vite fait mal fait. C’est faire bien peu de cas du travail de traducteur que de ne pas même se demander s’il n’a pas pris ses renseignements – lui ! –avant d’écrire. Il se trouve en effet que le titre Looking Through Glass ne doit rien à Through the Looking-Glass. L'allusion est biblique et beaucoup plus austère que fantasque (« looking through (a) glass, (darkly) »,13ème chapitre de la Première Épitre aux Corinthiens de Saint Paul)). Je le tiens de l’auteur lui-même. Il n'est en outre pas pertinent de comparer le narrateur à Alice. Le principal élément de merveilleux – le retour dans le temps – est au service de l’historien qu’est aussi Mukul Kesavan, hanté comme tant d’autres Indiens par la partition qui a accompagné l’Indépendance et ne résistant pas, en brillant auteur de romans, à questionner en les recréant (looking) à sa façon les conditions qui ont fait advenir, irrémédiablement, cette immense catastrophe humaine. Glass évoque également ici l’objectif de l’appareil photo, d’où mon choix d’un titre, Retour sur Image , où la technique visuelle entre en jeu et évoque à la fois le retour dans le temps. Titre approuvé par l’auteur.

"...l'obturateur s'ouvrit au moment où je me retournais pour m'accroupir. Mais je suis dessus, et c'est tout ce qui compte. Au premier rang, entre Bihari et Masrour, le tourbillon flou, c'est moi."

 

                                                                                                    .... 

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Published by Dominique Vitalyos - dans Interventions mal avisées traductions le choix des mots
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Au cours des traductions de textes indiens, un petit nombre de termes de diverses langues indiennes sont conservés. Certains livres leur consacrent un glossaire en fin de texte, d'autres, non. Les termes rencontrés listés ci-dessous feront l'objet de mises à jour. Le sens et l'orthographe (la transcription des voyelles courtes et longues, notamment) donnés ici respectent le contexte dans lequel ils ont été trouvés et peuvent donc connaître des variantes. Pour la même raison, ce glossaire ne prétend à aucune exhaustivité.


Ambassador : marque de voiture très courante en Inde.

amavas : jour de la lune noire, tenu pour néfaste

Ananta : « Sans-Fin », le serpent symbolisant ce qui reste du monde après sa destruction, sur les anneaux duquel Vishnou dort étendu quand l’univers se résorbe.

anna : pièce de monnaie valant un seizième de roupie.

Arjuna : Un des cinq frères Pandava, personnage de premier plan du Mahabharata et de la Bhagavad-Gita.

attar : parfum sous forme d'essence ou d'huile.

avatar : incarnation d’un dieu.

baba : terme d’adresse fréquemment utilisé envers les garçons et les jeunes hommes.

Bakr-Eid : fête musulmane au cours de laquelle on sacrifie traditionnellement une chèvre.

barfi : confiserie à base de lait concentré, en forme de losange, souvent recouverte d’une fine pellicule d’argent.

bandar : singe.

bechara : pauvre hère

bhajan : chant dévotionnel hindou.

bhajia : beignet de légume entier ou en tranche.

bhang : boisson à base de cannabis, parfois mélangé au lait.

Brahma : avec Vishnou et Shiva, un des dieux de la Trinité hindoue, le Créateur qui émet l’univers de son souffle.

brahmane : la plus haute dans la hiérarchie des castes hindoues, à laquelle appartiennent les prêtres.

bidi : petite cigarette bon marché, roulée à la main dans une feuille d’arbre.

biryani : recette (musulmane) à base de riz parfumé au safran et aux épices, cuisiné avec de la viande d’agneau, du poulet ou des œufs.

chaat : snacks variés souvent accompagné de chutney de tamarin, vendus dans les échoppes, emportés ou consommés sur place.

chameli : variété de jasmin, Jasminum grandiflorum (oléacées).

chappati : galette très plate de farine de blé, cuite à sec sur une plaque, qui accompagne couramment les plats en sauce en Inde du Nord.

dharma : le mot désigne à la fois l’ensemble des règles et des phénomènes qui régissent l’ordre du monde et le comportement attendu de chacun pour contribuer à son maintien.

dhobi : blanchisseur.

Dîvali (Dîpavali) : « Fête des lumières » (octobre-novembre), marquant la victoire de Krishna-Vishnou, grâce à Lakshmi, sur le démon Narakasura. Cette nuit-là, Lakshmi, qui descend sur terre, est accueillie par des lumières et des feux d’artifice. Premier jour de l’année du calendrier (ère Vikrama).

dupatta : longue écharpe que les femmes portent au-dessus d’un salwar-kamiz.

Ganesh : le dieu à tête d’éléphant qui a le pouvoir d’écarter les obstacles.

ganga : femme chargée de tâches ménagères et de courses, qui travaille pour plusieurs maisonnées.

Garuda : aigle mythique au plumage doré, véhicule du dieu Vishnou.

ghat : au sens propre, « marche ». Désigne les berges plates d’un fleuve ou les grands degrés de pierre aménagés sur ses rives. Sont parfois utilisés comme lieu de crémation (comme à Bénarès) .

ghî : beurre clarifié.

golgappa : variété de chaat.

gulab jamun : boulette de lait concentré séché mélangé à de la farine, frite dans du ghi, puis plongée dans un sirop de sucre parfumé au safran et à la cardamome.

gunghat : voile de femme, ou pan de sari drapé autour de la tête.

gur : sucre fin non raffiné.

halwai : fabriquant et vendeur de snacks et de confiseries.

Hanuman : dieu-singe, dévot de Rama.

Holi : fête hindoue durant laquelle les participants se couvrent mutuellement de poudres de couleurs vives.

Indra : roi des dieux et des régions célestes.

jamadarni : femme dont le travail consiste à balayer et à nettoyer les toilettes.

-ji : suffixe ajouté au noms de personnes ou de fonction pour marquer le respect. Parfois employé seul.

Kaliyuga : le quatrième et dernier âge d’un cycle du monde, dans lequel se trouve l’époque actuelle. C’est l’âge du déséquilibre total (comparé à un quadrupède qui n’aurait plus qu’une patte) où le dharma n’est plus suivi et où le monde court à sa destruction, avant d’être réabsorbé, puis recréé.

Kalki : non de la dixième et dernière incarnation de Vishnou, ainsi que du cheval blanc qui le porte lorsqu’il descend sur terre pour mettre fin aux souffrances du monde en perdition.

Krishna : huitième incarnation de Vishnou. Un des dieux hindous les plus vénérés, tant pour son amour de la vie et ses espiègleries que pour la sagesse et le pouvoir divins qu’il représente. Dans la Bhagavad-Gîtâ, il se révèle à Arjuna comme principe ultime.

kulfi : dessert glacé à base de lait concentré séché, agrémenté de morceaux de pistaches et parfumé au safran.

kurta : longue chemise d’homme à col ras.

laddou : pâtisserie de forme ronde, à base (le plus souvent) de farine de pois chiche, souvent offerte dans un cadre cérémoniel.

Lakshmi : déesse de la prospérité, épouse de Vishnou, qui le retrouve d’incarnation en incarnation.

lathi : canne de bambou souvent utilisée comme arme (notamment par la police).

loban : résine aromatique utilisée comme encens.

 

mandapa : plate-forme cérémonielle.

masala : mélange d’épices.

Matsya : « le Poisson », première incarnation de Vishnou. Il enjoignit à Manu de sauver l’humanité en construisant une arche qu’il sauva du déluge en la remorquant sur sa corne.

maya : l’illusion qui fait passer le monde des formes pour la réalité ultime. Comparée souvent à un voile, c’est une puissance féminine de nature divine.

mela : foire

memsahib : terme d’adresse ou de référence envers les femmes de statut supérieur.

mouli : long radis blanc.

Muharram : fête musulmane commémorant le martyre de Hussain, petit-fils du Prophère, au cours de la bataille de Karbala.

namaz : prière prononcée cinq fois par jour par les Musulmans, accompagnée d’une prosternation en direction de La Mecque.

nazar : malédiction, sort, mauvais œil.

Om : syllabe sacrée prononcée dans les prières et la méditation, qui exprime l’énergie spirituelle de Brahma, Vishnou et Shiva.

Om jai Jagdish Hare : chant dévotionnel à  Vishnou (Gloire à Hari, dieu de l’univers)

paisa : un centième de roupie ; un quart d’anna dans l’ancien système monétaire non-décimal.

pakora : beignets de farine de pois chiche aux légumes ou à la viande.

panîr : cottage cheese, de consistance solide, utilisé coupé en dés dans diverses préparations culinaires.

papdi : sorte de gaufrette qui constitue l’enveloppe du golgappa.

parotha : pâte de farine de blé ou de maïs, pliée plusieurs fois (ou enroulée) et enduite d’huile entre chaque pli, puis aplatie et mise à cuire sur une plaque pour donner une galette légèrement feuilletée.

peda : confiserie de lait concentré sucré, en forme de disque.

phuljadi : cierge étincelant.

pomfret : poisson plat de forme losangique, à peau lisse, très prisé pour la finesse de sa viande et de son goût (Stromateoides argenteus).

Radha : incarnation de Lakshmi en amoureuse de Krishna adolescent au village de Vrindavan.

Rama : sixième incarnation de Vishnou, personnage principal du Ramayana.

roza : jeûne quotidien du mois de Ramadan.

Rukmini : incarnation de Lakshmi en épouse de Krishna adulte (et roi de Mathura).

sadhu : mystique errant (hindou).

sahib : terme d’adresse ou de référence envers un homme de statut supérieur.

salaam : salut quotidien.

salwar kamîz : ensemble féminin comportant une longue tunique et un pantalon bouffant, portée par les femmes du nord de l’Inde et les jeunes filles de tout le pays.

samosa : beignet triangulaire, très épicé, à la viande ou aux légumes.

Sarasvati : déesse des sciences et des arts, épouse de Brahma.

Shiva : dans la Trinité hindoue, le Destructeur. Son ascétisme le pousse à se distancer du monde, contrairement à Vishnou. Lorsqu’il s’abîme dans la méditation, le monde suspend son cours et menace de s’arrêter.

swami : dans l’hindouisme, ascète révéré porteur d’une doctrine.

thali : plateau de métal rond, à plusieurs casiers, pour servir le repas.

tulasi : plante sacrée et médicinale, variété de basilic, (Ocimum sanctum L.) 

Varuna : dieu de l’océan.

Vishnou : dans la Trinité hindoue, le Préservateur et protecteur du monde, qui a pour tâche d’assurer l’équilibre entre les forces divergentes de l’univers. Il est vénéré sous de nombreuses formes à travers toute l’Inde, notamment dans ses incarnations de Rama et de Krishna.

-walla : suffixe désignant quelqu’un que l’on définit par le mot auquel il est associé (fonction, profession ou marotte, comme dans Radiowalla)

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J'ai laissé ce qui m'arrivait guider mon cours
et la vie m'a appris que Pseudosapiens s'était trompé : c'est la peur qui motive l'écrasante majorité de ses actes depuis les origines.
  • Il s'en faut de peu que l'on n'ait été quelqu'un d'autre. J'ai laissé ce qui m'arrivait guider mon cours et la vie m'a appris que Pseudosapiens s'était trompé : c'est la peur qui motive l'écrasante majorité de ses actes depuis les origines.

Texte Libre

Merci à Olivier Dion/Livres-Hebdo pour le portrait de l'avatar.