/
/
/
... ou même de réponse (à ma connaissance)
Dans un article intitulé « Une post-modernité merveilleuse » du magazine Transfuge d’avril 2007, Cécile Léonard voudrait nous faire croire à propos de Retour sur image, de Mukul
Kesavan, que (c’est moi qui souligne) :
« La traduction française du titre ne rend pas justice à l’allusion
à Lewis Carroll (Looking Through Glass qui,
par sa proximité avec Through the Looking-Glass, aurait pu être traduit par De l’Autre Côté du Miroir) et à la dimension
fantasque du récit. Tel Alice… »
De l’autre côté du miroir
à plusieurs titres en ferait un bien mauvais ! D’abord, parce qu’il a déjà été utilisé,
précisément pour la traduction de l’ouvrage de Lewis Carroll.
Mais surtout, parce qu’il n’a rien à voir avec le livre qui nous occupe.
Il ne suffit pas qu’il soit question de miroir et de regard pour enrôler Lewis Carroll vite fait mal fait. C’est faire bien peu de cas du travail de traducteur que de ne pas même se demander
s’il n’a pas pris ses renseignements – lui ! –avant d’écrire. Il se trouve en effet que le titre Looking Through Glass ne
doit rien à Through the Looking-Glass. L'allusion est
biblique et beaucoup plus austère que fantasque (« looking through (a) glass, (darkly) »,13ème chapitre de la Première Épitre aux Corinthiens de Saint
Paul)). Je le tiens de l’auteur lui-même. Il n'est en outre pas
pertinent de comparer le narrateur à Alice. Le principal élément de merveilleux – le retour dans le temps – est au service de l’historien qu’est aussi Mukul Kesavan, hanté comme tant
d’autres Indiens par la partition qui a accompagné l’Indépendance et ne résistant pas, en brillant auteur de romans, à questionner en les recréant (looking) à sa façon les conditions qui ont fait advenir,
irrémédiablement, cette immense catastrophe humaine.
Glass évoque également ici l’objectif de l’appareil
photo, d’où mon choix d’un titre, Retour sur Image , où la technique visuelle entre en jeu et évoque à la fois le retour dans le temps. Titre approuvé par
l’auteur.
"...l'obturateur s'ouvrit au moment
où je me retournais pour m'accroupir. Mais je suis dessus, et c'est tout ce qui compte. Au premier rang, entre Bihari et Masrour, le tourbillon flou, c'est moi."
....
Published by Dominique Vitalyos
-
dans
Interventions mal avisées
traductions
le choix des mots